Monsieur le chanoine Aubanel, 1782-1870
Joseph-Marie-Agricol Aubanel est né le 1° septembre 1782 dans un Comtat Venaissin qui était toujours sous l’autorité pontificale et n’avait pas encore connu les épreuves et les luttes de la Révolution française.
Le chroniqueur, Augustin Canron, évoque cette figure avec respect, affection et reconnaissance, disant de lui qu’il fut comme « la tradition vivante de notre pays », et de poursuivre : « combien de souvenirs seraient perdus pour nous, s’il n’avait pris soin de les raconter à ceux qui prenaient plaisir à l’interroger sur un temps qui n’est plus ».
Pendant la terreur révolutionnaire, son père, Antoine Aubanel, imprimeur de notre Saint-Père le Pape fut emprisonné pour son attachement au pape. C’est dans un tel contexte qu’il fit sa première communion, le 2 février 1793 « par les soins du vénérable et courageux M. Bérard, décédé curé de Malaucène, (…) au milieu des ténèbres de la nuit, dans un mystérieux réduit de l’un des plus modestes maisons de la rue France ».
Après le rétablissement du culte catholique, il est entré au séminaire des messieurs de Saint-Sulpice à Aix, qui fut le premier à rouvrir. Il fut ordonné prêtre le 11 juin 1808 à Avignon. Le territoire du diocèse s’étendait alors sur les deux départements du Vaucluse et du Gard. Aussi fut-il nommé immédiatement comme vicaire de la paroisse de Roquemaure où il resta 3 ans. En 1811, il devint vicaire de la paroisse de Saint-Didier dans la ville d’Avignon, où il resta 30 ans ! Son dévouement y fut grand, apprécié et reconnu. Il se distingua par sa générosité à s’occuper des malades au cours de l’épidémie de choléra de 1835. Il n’était pas seulement généreux de son temps mais aussi de ses biens, en particulier en faveur des œuvres de charité et les fondations pieuses : « pas une misère de l’âme ou du corps ne le trouvait insensible, et quand on lui représentait que ses aumônes finiraient par épuiser totalement sa bourse, il se contentait de répondre qu’un prêtre doit mourir pauvre ».
Après avoir refusé par deux fois de devenir curé de saint-Didier, Mgr Dupont le nomma chanoine du chapitre de Notre-des-Doms nomma le 31 octobre 1841. « tout en laissant l’âge mettre des bornes à l’ardeur et à la vivacité de sa foi, il ne lui permit point d’attiédir son zèle et son amour pour l’auguste sanctuaire de Notre-Dame-des-Doms dont il était, sous sa pourpre canoniale, l’un des gardiens dévoués ».
Il est décédé aux suites d’une maladie, le 4 février 1870 à 88 ans, mais cet homme âgé, affaibli par l’âge et la maladie aimait à dire « vieux, tant que vous voudrez, mais pas grognon ! ».
Nos religieux après la Guerre de 14-18
Après une première expulsion de France des religieux, à la suite de la loi de 1880 leur interdisant de prendre part à l’instruction publique, une deuxième, en 1901, les soumets à un régime d’autorisation particulièrement exigent. Cependant, la guerre est passée par là, et les religieux, aussi bien des congrégations masculines que féminines, se sont dévoués pour la Patrie. Aussi, il est espéré un assouplissement reconnaissant de la loi, notamment pour permettre à un grand nombre de religieux qui avaient été expulsés en 1880, de pouvoir rentrer en France.
En faveur de cela, malgré l’opposition persistante de quelques-uns, un ouvrage de M. Frédéric Rouvier, intitulé L’Eglise de France pendant la grande guerre, plaide en ce sens en écrivant : « Au feu, le Eudistes qui eurent 25 tués, les Bénédictins 10, les Pères des Mission africaines 21, les Dominicains 29, les Pères des Missions étrangères 45, les Rédemptoristes 28, les Pères Blancs du cardinal Lavigerie 48, les Pères du Saint-Esprit 52, les Capucins 39, les Franciscains 18, les Assomptionnistes au moins une vingtaine, les Lazaristes 13, les Oblats de Marie 18, les Salésiens 16, les Jésuites 152, les Trappistes 58. Et parmi les Congrégations de Frères, pour ne citer que les plus nombreuses, les Frères de Ploërmel 30, les Frères du Sacré-Cœur 29, les Frères Maristes 94 et les Frères des Ecoles Chrétiennes 115 »
Et l’auteur de la chronique de la semaine religieuse de conclure : « et on les renverrait en exil ? », et cette question laisse poindre les lueurs d’un apaisement prochain et d’une réconciliation nationale.
Abbé Bruno Gerthoux