Nos prêtres ou séminaristes soldats
L’abbé Jules Avril est cité à l’ordre de la division d’infanterie coloniale : Il « a rempli durant l’attaque du 9 mai et les jours qui l’ont précédé ses fonctions d’infirmier avec un dévouement absolu et de tous les instants, allant sous un bombardement des plus violents panser les blessés dans la tranchée de première ligne et donnant ainsi à tous un très bel exemple de sang-froid et d’abnégation ». Dans sa lettre, l’abbé Avril évoque le souvenir du R.P. Lenoir, jésuite, « leur incomparable aumônier », mort sur le champ de bataille. « C’est une perte irréparable pour le régiment, mais un beau sacrifice consenti pour la Rédemption de la France. »
L’abbé Basile Coupard est cité à l’ordre de la division : « brancardier d’un courage et d’un dévouement à toute épreuve. Le 31 août et le 1° septembre 1917 a transporté de nombreux blessés dans une zone extrêmement battue, sans souci de la fatigue ou du danger ». L’abbé Coupard, originaire de Vedènes, où il est né, fut ordonné en 1903. Lorsqu’il est appelé pour la Guerre, il était curé de Gargas depuis 1912, après avoir été vicaire de Montfavet, puis recteur de « Beaumont-de-Malaucène ». Après la guerre, en 1921, il sera nommé curé de Cheval-Blanc, puis de Jonquières, en 1925, et finalement d’Entraigues, en 1932. Il est décédé le 10 août 1935.
Ces citations témoignent de la bravoure et du dévouement de tout le clergé pendant la guerre. Les actions héroïques de quelques-uns rendent hommage à la bravoure et au dévouement de tous : « notre vie ici n’est pas des plus gaies, écrit l’un des soldats de l’Armée d’Orient, nous souffrons beaucoup de la chaleur, de la soif et parfois de la faim… ». Un autre ajoute « on a pas mal de besogne avant l’assaut pour mille et une corvées aux linges et plus tard pour le transport des blessés et des morts. Et dès lors, nous voilé éreintés, mais toujours confiants »
Domine, non sum dignus
Le bulletin diocésain partage la touchante poésie d’un ecclésiastique d’Avignon sur le front oriental. Même si l’auteur n’est pas cité, on retrouve dans les archives de Mgr Avril, un manuscrit de ce texte, daté du 19 juin 1917, avec d’autres poésies rassemblées sous le titre de « souvenirs de guerre » : Rêverie d’éxilé ; Liaison de Guerre à titre temporaire ; A Me Henry, notaire à Châteauneuf.
J’ai reçu ce matin, tout comme à l’ordinaire,
L’Hôte divin : Jésus. C’était l’anniversaire
Du jour déjà lointain, heureux temps d’autrefois
Où je Le rencontrai pour la première fois.
Blotti dans mon rocher comme dans un repaire,
J’attendais sans dormir le passage du Roi.
Il s’est fait tout petit pour pénétrer chez moi,
Et c’est toujours ainsi, quand il vient, qu’il doit faire.
Suis-je digne vraiment que mon Dieu vienne ici ?
Oui, Seigneur, ma demeure est part trop misérable
Et ma grotte, je crains, vous rappelle l’Etable.
On y tient à genoux pourtant ! et c’est ainsi
Que j’ose y recevoir votre pain adorable
Sed tantum dic Verbo, et je serai guéri