Autrefois dans le diocèse d’Avignon - octobre 1063

2 octobre 2022

Dédicace de Notre-Dame-des-Doms – 8 octobre 1063

L’histoire rappelle que sous l’épiscopat de Rostaing I, en présence de quelque 35 évêques, eut lieu la dédicace de Notre-Dame-des-Doms, le 8 octobre 1063.

Armoiries du vénérable chapitre des chanoines de Notre-Dame-des-Doms

Le Chapitre des chanoines, réformé en 1037 et placé sous la règle de saint Augustin, plein de zèle pour la gloire de Dieu, attira de nombreuses donations qu’il voulut employer « en élevant à Dieu et à sa Mère un Temple digne d’eux ». Ils furent secondés dans cette entreprise par les chanoines de Saint-Ruf qui « mirent à leur disposition charpentiers, sculpteurs, écrivains… avec mission de travailler à la construction de l’église majeure, pendant tout le Carême et toutes les fois qu’il en serait besoin ». Les chanoines de Saint-Ruf avaient été fondés en 1039 par quatre chanoines de Notre-Dame-des-Doms, désireux de mener une vie régulière.

Un vieux récit du temps de Charlemagne rapporte une histoire surprenante que je vais donner intégralement, telle qu’elle fut publiée dans la Semaine Religieuse de 1922.

« Un matin, c’était le 8 octobre, une noble Dame qui avait l’habitude, chaque jour, dès que la cloche annonçait Matines, de se rendre au sanctuaire des Doms, entend sonner plus tôt que de coutume. Etonnée , elle regarde autour d’elle, le jour ne paraissait pas encore.

Elle se lève pourtant et s’achemine à grands pas vers l’église qu’elle trouve entièrement illuminée et déjà envahie par la foule des fidèles.

Dans la nef, aux accords de mille instruments qui accompagnent les prières liturgique et parmi des flots d’encens, un pontife vénérable, quelle n’avait point vu jusque là, revêtu des ornements sacrés et entouré de ses prêtres, accomplissait gravement les rites des dédicaces solennelles.

L’autel lui-même était préparé pour le saint sacrifice, brillant de lumière, couvert de fleurs, orné de sa plus riche parure.

Quand la consécration fut terminée, le pontife se dirigea vers l’autel, en gravit les degrés et la messe commença.

Elle se déroula au milieu d’une pompe sans pareille. Tandis que, charmée et recueillie à la fois, la noble Dame en suit les phases diverses, le sacristain s’avance vers elle, son plateau à la main, selon l’usage ; mais dans son empressement à se rendre à l’église, elle avait oublié son aumônière : que faire ?

Elle songe à l’anneau d’or qu’elle porte au doigt, l’en retire vivement et le dépose sur le plateau, disant qu’elle viendra le reprendre dans la matinée en échange de son offrande habituelle.

Le sacristain s’incline et lui montre l’endroit où elle le retrouvera, tout en l’avertissant que cet anneau portera l’empreinte de certains caractères mystérieux qui se trouvent derrière l’autel.

Cependant l’office terminé, la noble Dame rentra chez elle. Elle y était à peine que la cloche sonne de nouveau les Matines. Elle écoute, hésitante et troublée ; aurait-elle été le jouet d’un rêve ?

Pour s’en assurer, elle retourne à l’église : mais cette fois rien d’anormal : au dehors, dans la nef, sur l’autel, toute était disposé comme à l’ordinaire et, gravement assis dans leurs stalles au fond du sanctuaire, les chanoines récitaient en choeur l’office du matin.

La noble Dame n’y tint plus. S’adressant donc aux personnes qui l’entourent, elle leur demande pourquoi deux offices, ce jour-là, et le premier si solennel ?

Celles-ci ne sont pas moins étonnées qu’elle, surtout lorsqu’on leur raconte ce qu’elle a vu et qu’on a retrouvé l’anneau à l’endroit indiqué par elle, tout marqué de signes de l’autel.

Et l’on compris alors que l’église avait été miraculeusement consacrée »

En 1922, l’auteur de la chronique poursuit et conclut « tel est l’antique récit de la consécration de la Basilique des Doms. Il marque en quelle vénération les fidèles doivent tenir un sanctuaire illustre à tant de titres. L’Eglise d’Avignon et du diocèse est fière de sa Métropole et, c’est avec une joie, chaque année renouvelée, qu’elle offre à Dieu ses actions de grâces pour le temple bâti à sa gloire et à celle de la Vierge Immaculée sur le vieux rocher des Doms. »

Abbé Bruno Gerthoux
Archiviste