Mgr Jules Avril : mai 1889- février 1977
Le 17 février 1977, Mgr Jules Avril achevait son pèlerinage en notre temps. Il est une figure marquante du diocèse et du clergé d’Avignon, « il y a tenu une grande place durant sa longue vie sacerdotale où il a été étroitement uni à ses archevêques successifs et à ses frères prêtres », écrit l’abbé René Giraud, et d’ajouter « s’il fut le serviteur fidèle de son diocèse et de l’Eglise, il fut aussi le chantre de la Provence, issu d’une vieille famille de Châteauneuf-du-Pape qui peut s’enorgueillir de fils aussi brillants que ses vins ». Pour lui, comme pour d’autres prêtres, je regrette de n’avoir, aux archives diocésaines, que peu de documents, puisque bien souvent la famille conserve les archives comme un souvenir, qui avec le temps se dissipe puis disparait. Toutefois, l’une de ses nièces, Mme Bataille, a souhaité déposer aux archives diocésaines les archives de Mgr Avril dont elle disposait, en 2017. Bien que le fonds soit modeste (une seule boite d’archives), celui-ci demeure représentatif de sa vie et de son œuvre. Cela m’a marqué lorsque j’ai relu l’homélie de S. Exc. Mgr Polge, archevêque d’Avignon, pour la célébration de ses funérailles.
M. l’abbé Plaute, Mgr Avril, S. Exc. Mgr Urtasun, Mgr Robert
pour le jubilé de Mgr Avril, à Châteauneuf-du-Pape
Fils de Châteauneuf-du-Pape
Mgr Polge dit dans son homélie : « ce fut vraiment un enfant du pays, fier de son Châteauneuf où il naquit en 1899 (le 23 mai), de ses vieilles tours, de son vin capiteux comme de ses cigales, ‘vinum, Tourre et tamben cigalo : moun pais‘ ».
On retrouve cela dans ses armoiries, ornées du chapeau ecclésiastique avec les houppes des prélats de Sa Sainteté, et qui illustrèrent ses publications. Il y a la cigale de la Provence, la tour de Châteauneuf-du-pape, et le calice qui est aussi bien celui du sacerdoce qui contient le « Sang Divin », la Coupo Santo des provençaux, que la coupe pour ce « vin d’éléi », ce vin de choix qu’est le Châteauneuf-du-Pape. En une image, tout est dit et proclamé. Ainsi que le disait Mgr Polge « c’est son âme que je voudrais laisser chanter ».
Le soldat
« Son cœur était sans frontières, attaché à la grande patrie qu’il servit en particulier pendant la guerre et qui le décora, en reconnaissance de la Croix de Guerre et de la Légion d’honneur, c’est sa Provence qu’il aima, qu’il chanta et offrit à Dieu jusqu’au dernier jour ». Il aimait à se retrouver avec deux autres anciens du 1° Bataillon du 4e Régiment d’Infanterie Coloniale, les chanoines Thibon du diocèse de Viviers et de Guyon, du diocèse de Valence.
L’ordre général du 31 mai 1917 indique qu’il « a rempli durant l’attaque du 9 mai et les jours qui l’ont précédée, ses fonctions d’infirmier avec un dévouement absolu et de tous les instants, allant sous un bombardement des plus violents, panser les blessés dans la tranchée de Ire ligne et donnant ainsi à tous un très bel exemple de sang-froid et d’abnégation ». Le motif de la citation du 31 décembre 1917 précise à son tour qu’il « a fait preuve de bravoure et d’allant au cours d’une reconnaissance de jour qui a permis de ramener les corps d’un officier et d’un soldat tombés à 700 mètres en avant de nos lignes et à 200 mètres des tranchées ennemies »
Prêtre du diocèse d’Avignon
Mgr Avril est debout, derrière le prêtre, à Sainte-Garde
Ordonné prêtre le 29 juin 1920, avec l’abbé Jules Pinet, originaire de Malaucène, et l’abbé Daniel Vial, originaire de Maurienne, après avoir suivi ses études au séminaire de Sainte-Garde, il fut successivement vicaire à Saint-Florent d’Orange avec le chanoine Spenlé comme curé, puis à Saint-Agricol en 1922 alors que le chanoine Bertrand était archiprêtre, avant d’être nommé curé-doyen de Gordes en 1932. Il y restera peu, puisqu’en 1934 il est nommé vice-chancelier et la même année distingué du titre de chanoine honoraire. En 1938, Mgr de Llobet en fait l’un de ses vicaires-généraux, avec Mgr Lucquin et Mgr Monier. « il fut le collaborateur apprécié, mais aussi le confident de Mgr de Llobet. Il n’en parlait qu’avec respect et admiration ». Au moment de se retirer, il est distingué du titre de vicaire général honoraire.
Mgr Avril en habit de chanoine
Le Félibre
L’abbé Giraud écrit « Que de conférences, de discours, de sermons il prononça à Avignon, dans le Comtat, en Provence et bien au-delà… sans oublier les deux volumes « Dou brès à la Gleiso », en vers et en prose ».
Prédication d’une retraite à Marseille
En effet, membre du Félibrige, « il fut un prédicateur passionné de l’Evangile, sur les traces du Père Xavier de Fourviere », affirme Mgr Polge dans son homélie, or son fonds d’archives, pour modeste qu’il soit, conserve précisément quelques pièces manuscrites authentiques de don Xavier de Fourviere, qui lui ont sans doute été données par l’abbé Delor. En effet, parmi les papiers, l’un d’eux s’intitule Cansoun festivalo à moussu l’abat Delord Marc, vicàri de Cadenet : « Venèn, venèn sènso retard, gènt de burèu e gènt d’autar, te faire fèsto, o brave Marc ! »
Lorsqu’il reçoit la cigalo d’Or, s’adressant aux assistant, il dit « Siéu mai qu’esmougu e recouneissen de tant d’ounour et de tant d’amistanço. Ansin me vaqui dous cop cigalié, estènt que le gènt de Castéunou, e n’en siéu, ie dison li Cigalié ».
Prélat de Sa Sainteté
En 1947, il est distingué du titre de Prélat de SA Sainteté par le pape Pie XII. Mgr Polge précise « il fut heureux de ce titre qui le reliait plus étroitement par son Evêque au Saint Père et à l’Eglise universelle en son cher Avignon, cité des Papes, seconde Rome ».
Remise de la Légion d’Honneur le 3 mai 1961, mgr Avril en tenue de prélat
abbé Bruno Gerthoux
Archiviste