Le dernier doyen honoraire de notre diocèse est né le 25 décembre 1922 à Avignon, fils d’Albert et de son épouse Marie Estevenin. Il fut ordonné prêtre le 31 mai 1947, et c’est aussi un 31 mai, jubilé de ses 75 ans d’ordination qu’il a vécu sa Pâques.
S’il est baptisé le 2 janvier 1923 à l’église Saint-Pierre, son enfance a été marquée par le catéchisme et les cérémonies religieuses à la paroisse des Carmes confiée aux Chanoines Réguliers de l’Immaculée Conception. Il y fut enfant de chœur « avec beaucoup de fierté ». Sa mère lui expliquait le sens de la messe.
Le catéchisme et les explications du prêtre de la paroisse « ont beaucoup nourri ma foi ». Entré à l’école paroissiale de Saint-Symphorien en 1928, c’est au catéchisme qu’il fut remarqué par le prêtre qui l’appela et le fit inscrire au Petit-Séminaire où il est entré à 12 ans en 1934.
Si son éducation fut fortement marquée par les patronages, il aimait aussi la liturgie, et en particulier participer aux offices de la Semaine Sainte en la basilique métropolitaine de Notre-Dame-des-Doms avec les autres petits-séminaristes, même si cela empiétait sur les vacances.
Il est entré au Grand-Séminaire en 1940, et reçoit la première tonsure le 19 juin 1943. Sa curiosité intellectuelle, son sens du travail et de l’étude s’y développèrent.
De juillet 1943 à mai 1945, réquisitionné pour le S.T.O. - Service du Travail Obligatoire-, il vivra une période éprouvante en Allemagne, dans la région de Silésie, cependant, tout cela l’affermit et dans sa foi et dans sa vocation.
Au retour d’Allemagne, après avoir marché 500 km entre la Silésie et la Bavière, il reçoit les premiers ordres mineurs en décembre 1945 (22 décembre 1945, portier et lecteur), puis les seconds mineurs en avril 1946 (20 avril 1946, exorciste et acolyte), avant d’être ordonné sous-diacre le 6 octobre, puis diacre le 10 novembre de la même année.
Avec le chanoine André Chastroux, Mgr Robert Chave, les abbés Pierre Chevalier, Pierre Mathieu et Marcel Roudil, il reçoit l’ordination sacerdotale le 31 mai 1947 à Avignon, en la basilique métropolitaine de Notre-Dame-des-Doms. Il n’est pas anodin de mentionner ses confrères d’ordination, parce qu’autant qu’ils l’ont pu, ils aimaient à se retrouver, chaque année. Au-delà des différences de personnalité, de sensibilité, de parcours, la vie et l’estime fraternelle est une réalité qu’ils ont vécue, et une réalité vécue du doyen Marcel Lambert avec tous ses confrères prêtres.
Il commença son ministère sacerdotal comme vicaire de M. le chanoine Jules Pinet, archiprêtre de Saint-Siffrein à Carpentras, où il resta 9 ans.
Nommé curé de la paroisse Sérignan en 1956, à laquelle se sont ajoutées les paroisses d’Uchaux et la desserte de la chapelle de Derboux en 1959, il fut ensuite transféré comme curé de Lapalud et La Motte du Rhône en 1962.
En 1967, il est nommé Curé-doyen de L’Isle-sur-la-Sorgue, desservant aussi Fontaine-de-Vaucluse, Lagnes et Saumane. De son propre aveu, cette nomination fut éprouvante, et il confie avoir dû démissionner « devant les extravagances » de l’un de ses vicaires. Quelles que furent les épreuves qu’il vécut - et qui l’ont marqué pour le reste de sa vie -, il demeura indéfectiblement fidèle à l’Eglise, selon ses propres paroles.
Nommé curé de Jonquières en 1968, il y demeure jusqu’en 1974, date à laquelle il rejoint l’équipe d’Orange. Tout en étant à Orange, il est nommé curé de Caderousse de 1986 à 1994.
Après 34 ans passés à Orange, il rejoint la Villa Béthanie en 2008. Ce passage fut pour lui l’occasion, à 86 ans, de se mettre à internet et de s’inscrire sur Facebook ! Cela peut paraître anecdotique, mais c’est représentatif de cet enthousiasme qui animait cet homme à la curiosité intellectuelle vive, pour les nouvelles technologies, toujours au service de la mission.
Il en a vu passer des archiprêtres et des vicaires ! Ils furent nombreux aussi les orangeois à le voir passer sur sa mobylette légendaire, le casque fixé sur la tête, dans les rues de la ville. Il fut pour cette paroisse, pendant ces 34 années, comme un socle, une référence, un point de stabilité et de continuité. Tous les jeunes vicaires passés par Orange pourraient témoigner de sa gentillesse, de sa fraternité et de sa délicatesse.
Comment ne pas évoquer cette figure sacerdotale qui accueillait les prêtres venant le visiter à la Villa Béthanie, toujours avec le sourire, et demandant à être entendu en confession !
En quelques mots pour terminer, je retiendrai son amour indéfectible de l’Eglise ; L’humilité et la simplicité de l’homme, toujours prêt à s’émerveiller ; la fidélité du prêtre, au Christ, à l’Eglise, à ses frères.
Abbé Bruno Gerthoux
Archiviste et chancelier