Or, si l’établissement d’une hiérarchie n’est pas encore prouvé historiquement pour cette époque, du moins les faits et les documents permettent d’admettre l’existence de communautés chrétiennes au IIe siècle sur les côtes de Provence ainsi que dans la vallée du Rhône jusqu’à Lyon et au IIIe siècle dans la plupart de nos cités vauclusiennes à Avignon, Orange, Apt et Vaison. Ces chrétiens ont eu vraisemblablement pour chefs ces prêtres dont la tradition nous a gardé les noms qui ont été ensuite transformés en évêques. Tel est le cas pour Saint Ruf à Avignon qualifié seulement de “confesseur” dans quatre textes du XIe siècle.
Quoi qu’il en soit, peut-être à la fin du IIIe siècle ou au début du IVe siècle, la plupart des églises de Vaucluse sont organisées et ont des évêques entourés d’un clergé constitué. On connaît à Apt Auspicius (IIIe siècle) et Octavius (394-398), à Cavaillon Genialis (396), à Orange Constantius (381-390). L’évêque de Vaison Daphnus, participa au concile de 314 où sont représentés ceux d’Apt et d’Orange. Au début du Ve siècle, il y a des évêques connus à Apt : Quintinus, Castor (419-426) et Julius (439-442) ; à Avignon Nectarius (439-451), à Carpentras Constantianus (439-451), à Cavaillon Asclépius (439-451), à Orange Justus (441-451), à Vaison Auspicius (439-449). Ces évêques vont devenir les défenseurs des cités désorganisées par les invasions des Barbares.
Chaque “cité” romaine formant un diocèse, Avignon, Cavaillon, Apt, Carpentras, Orange et Vaison furent donc sièges d’évêchés. Le diocèse d’Avignon déborda sur la rive droite du Rhône (de Saze à Montfaucon) et plus largement encore au sud de la Durance jusqu’à Tarascon, Saint-Rémy, Eyguières et Sénas. En revanche, la région de Bollène et Valréas faisait partie du diocèse de Saint-Paul-les-Trois-Châteaux, tandis que celle de Pertuis et Cadenet dépendait de celui d’Aix. Du milieu du VIe siècle jusqu’au XIIe siècle. l’évêque de Carpentras résida à Vénasque ; d’autre part, de 839 à 1085 puis de 1098 à 1107, l’évêché d’Orange fut uni à celui de Saint-Paul-Trois-Châteaux. Tous ces diocèses étaient compris dans la province ecclésiastique d’Arles, à l’exception d’Apt qui relevait de celui d’Aix.
En dehors de quelques personnages plus illustres dont s’est emparée la légende (Saint Siffrein de Carpentras, saint Quenin de Vaison, saint Agricol d’Avignon, saint Véran de Cavaillon, saint Florent d’Orange), les évêques vauclusiens de l’époque mérovingienne ne sont guère connus que par leur participation à de nombreux conciles. Le plus célèbre de ceux-ci, tenu à Orange, le 3 juillet 529, précise la théologie de la grâce et du libre arbitre. Partout la vie paroissiale s’organise.
Après une éclipse de près de deux siècles, due à la grande invasion musulmane, qui a dévasté le pays et fait reculer le christianisme, les évêques apparaissent de nouveau au milieu du IXe siècle et les rois de Provence reconstituent leur temporel. Des Chapitres de chanoines et de nombreux couvents sont établis et développent leurs domaines. En 1039 est fondée l’abbaye de Saint-Ruf, appelée à un essor remarquable. Plusieurs papes visitent le pays : Urbain II en 1095 et 1096, Gélase II en 1118, Innocent II en 1132, Innocent IV, qui consacre la cathédrale de Cavaillon, en 1251.
Benoit XII 1334 - 1342
Aux XIIe et XIIIe siècles, de grands prélats occupent le siège d’Avignon : Geoffroi ( 1143 - 1177), pacificateur et organisateur de la commune d’Avignon ; Zoën Tancalari (1241-1261), qui combat avec efficacité l’hérésie albigeoise ; Bertrand Aimin (1304- 1310) qui fonde l’Université d’Avignon. Le séjour de la Papauté (1309- 1376) qui fit la célébrité d’Avignon eut de graves conséquences pour l’évêché administré le plus souvent au nom du Saint-Siège par des vicaires généraux. Il a cependant produit des figures de saints restées populaires : saint Elzéar de Sabran et son épouse la bienheureuse Delphine, le bienheureux cardinal Pierre de Luxembourg, le bienheureux Pape Urbain V. le culte de l’ermite du Beaucet saint Gens remonte à cette époque. Saint Thomas d’Aquin fut canonisé en 1326 par Jean XXII et Saint Yves en 1347 par Clément VI.
Le 21 novembre 1475, le pape Sixte IV détacha le diocèse d’Avignon de la province d’Arles, l’érigea en Archevêché et lui attribua comme suffragants les évêchés comtadins de Carpentras, Cavaillon et Vaison. L’évêché de Carpentras acquit un grand éclat avec le cardinal Jacques Sadolet (1517-1535) collaborateur de plusieurs papes. Le massacre des Vaudois du Luberon décidé par le Parlement d’Aix en 1545 n’empêcha pas le développement du protestantisme dans la région d’Apt, dont l’évêque Jean-Baptiste de Simiane passa à la Réforme en 1571, et dans la Principauté d’Orange, fief de la Maison de Nassau, qui y fit proscrire le culte catholique. En Avignon et dans le Comtat, le cardinal légat Georges d’Armagnac (1577-1585) lutta victorieusement contre l’hérésie, et l’archevêque François-Marie Taruzio (1592- 1597) veilla avec zèle à l’observation des décrets du concile de Trente. Il encouragea la fondation de la Congrégation de la Doctrine Chrétienne par le bienheureux César de Bus en 1593. Chez les laïcs, se multiplièrent les confréries de pénitents.
L’esprit de la contre-réforme amena l’introduction de nouveaux ordres religieux : Jésuites, Oratoriens, Carmélites, Visitandines, Ursulines. La vie mystique se développa d’une façon intense avec Julienne Morell, dominicaine de Sainte Praxède d’Avignon (+ 1653) et Madeleine Martin, de la Miséricorde d’Avignon (+ 1678). Le clergé séculier fut également réformé et le jansénisme combattu. Avignon reçut la visite de saint Vincent de Paul en 1607 et celle de saint François de Sales en 1622. En 1660, la reine Anne d’Autriche vint à Apt rendre ses voeux à sainte Anne. Plusieurs prélats s’illustrèrent alors par leur science et leur piété : le cardinal Alexandre Bichi (1630- 1657) à Carpentras, Joseph-Marie Suarez (1633-1666) à Vaison, Dominique Marini (1648-1669) en Avignon, Jean Baptiste de Vaccon (1723- 1751) à Apt, Joseph-Dominique d’lnguimbert (17351757) à Carpentras. Des séminaires se fondèrent en Avignon pour la formation des prêtres : Saint Charles en 1692, l’0ratoire en 1699, Sainte Garde en 1710.
Lors de la tourmente révolutionnaire, le régime de la Constitution civile du clergé ne put s’implanter en Vaucluse ; les prêtres jureurs furent en nombre infime, et beaucoup de réfractaires, en dépit du danger, continuèrent à remplir secrètement leur ministère. L’évêque constitutionnel, Siméon Rovère, abdiqua en 1794 et son successeur, François Étienne, démissionna en 1801. En 1793, Jean-Baptiste Roux, ancien supérieur du séminaire Saint Charles, avait été nommé par le pape Pie VI administrateur apostolique des diocèses d’Avignon et de Cavaillon et il remplit ses fonctions jusqu’à la nomination de l’évêque concordartaire Périer.
32 religieuses guillotinées à Orange en juillet 1794 et quatre prêtres originaires du diocèse martyrisés à Paris en septembre 1792 ont été béatifiés par le Pape Pie XI.
A la suite du Concordat de 1801, Avignon n’eut que le rang d’évêché mais comprit les deux départements de Vaucluse et du Gard. En 1817, le diocèse de Nîmes étant reconstitué, celui d’Avignon fut réduit au seul département de Vaucluse, mais il reprit le titre d’archevêché métropolitain avec, comme suffragants, les évêchés de Valence, Viviers, Nîmes et Montpellier. Dans les limites de l’actuel archidiocèse d’Avignon sont compris en totalité les anciens diocèses de Carpentras, de Cavaillon et d’Orange, la plus grande partie de ceux d’Apt, de Vaison et de Saint-Paul-les-Trois-Châteaux, et quelques paroisses de ceux de Sisteron et de Gap.